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Le pont de la Motte-Rouge à Nantes
Le pont Général-de-la-Motte-Rouge enjambe l’Erdre à Nantes. Ce pont en fer, à arche unique, mesure 80 mètres de long pour 12 mètres de large. Construit en remplacement d’une digue millénaire, il a été achevé en 1885. Il est aujourd’hui le plus vieux pont de la ville.
L'arche unique de 80 mètres de long du pont de la Motte-Rouge constitue une prouesse architecturale que l'on doit à son constructeur Jean Résal
Avant le pont Général-de-la-Motte-Rouge, la chaussée de Barbin
Une digue existait depuis le VIème siècle, à 50 mètres en aval du pont Général-de-la-Motte-Rouge. Cette « chaussée de Barbin », véritable barrage sur le cours de l’Erdre, permettait de franchir la rivière, et de nourrir les Nantais, puisque l’édifice était complété de moulins à farine.
La construction de la chaussée de Barbin est généralement attribuée à Saint Félix, évêque de Nantes de 548 à 582.
Le promeneur peut retrouver des indices de son emplacement dans le prolongement de l’actuelle rue de Barbin. Le tunnel sous la ligne de tramway et un petit édifice cubique, sur le sol duquel est posée une plaque commémorative, permettent de visualiser l’endroit depuis lequel elle s’élançait. De l'autre côté de l'Erdre, sur la rive gauche, on retrouve une autre construction cubique identique indiquant le point d'arrivée.
L’une des plaques signalant l’emplacement de l’ancienne chaussée de Barbin
La chaussée de Barbin barrait tout le cours l’Erdre à cet endroit. Cela eut pour conséquence d'élever le niveau de l’eau en amont, et de rendre la rivière navigable de Nantes jusqu'à Nort. Auparavant, l'Erdre était un cours d'eau relativement étroit et peu profond, bordé de vastes plaines marécageuses.
Grâce à la chaussée de Barbin, l'Erdre se transforma en une voie de communication favorable au transport des hommes et des marchandises. Cependant, ces marchandises il fallait les décharger pour franchir la chaussée. Elle devaient ensuite être rechargées sur d'autres embarcations de l'autre côté. Lourde contrainte, qu'il fallut accepter pendant plus de mille ans.
En 1831, les moulins furent détruits et remplacés par un pont de bois sur les derniers mètres de la chaussée, rive gauche. Cela rendit la navigation sur l’Erdre possible jusqu’à la Loire. Or, ce passage sous le nouveau pont était unanimement jugé dangereux. Il était étroit, et l'eau, en s'y engouffrant, créait un puissant courant.
La décision de remplacer la « chaussée de Barbin » par un pont moderne fut prise en 1845. Il fallut quarante années pour qu'elle se concrétise, lorsque le projet fut intégré à un autre, plus vaste, à visées militaires.
En effet, en 1875, une caserne d’infanterie fut bâtie sur la rive gauche de l’Erdre (les bâtiments de l'actuel centre des finances publiques). La construction d’un pont moderne fut décidé, car il était indispensable de faciliter la circulation des troupes devant se rendre sur le champ de manœuvres, de l'autre côté de l'Erdre (au Petit Port sur l'emplacement de l’actuel hippodrome).
Construction et inauguration
Les travaux débutèrent à la fin de l’année 1883. La construction fut confiée à l'ingénieur en chef des ponts et chaussées Jean Résal, et à l’entreprise de métallurgie Fourchambault. Les candélabres furent fondus par Voruz.
Sur la face extérieure de la clé, figurent les armes de la ville de Nantes et l’année d’achèvement : 1885. Sur la face intérieure, les naïades sculptées sont l’œuvre de Joseph Vallet.
L’inauguration du « pont de Barbin » (en référence à la chaussée qu’il remplaçait) eut lieu le dimanche 25 juillet 1886. Les journaux de l'époque se souviennent que c'était un jour de pluie, et que dans son discours, Jean Résal insista beaucoup sur son attachement à l’esthétique.
Le pont de la Motte-Rouge et la chaussée de Barbin - crédit photo : Archives municipales de Nantes (cote 55Z829)
Le « pont de Barbin » fut rebaptisé « pont du Général-de-la-Motte-Rouge » le 25 juin 1891. Le Conseil municipal choisit de rendre hommage à Joseph Edouard de la Motte-Rouge, général de division d’infanterie, héros de la bataille de Solferino (1859), député des Côtes-du-Nord (de 1869 à 1870) et décédé en 1883. Il avait commandé à deux reprises la 15ème division militaire stationnée à Nantes.
En 1973, le pont de la Motte-Rouge est devenu le plus vieux pont de la ville. Construit en 1875, le pont Haudaudine était jusque-là le doyen, mais il fut démonté pour laisser place un ouvrage plus apte à supporter le trafic routier en constante augmentation.
L'éclairage créé en 2014 met en avant la structure du pont
Depuis sa construction, le pont Général-de-la-Motte-Rouge a fait l’objet de deux rénovations : la première en 1935, la seconde en 2014.
Cette dernière a coûté 2,32 millions d’euros, et nécessité la pose d’un échafaudage de cent tonnes. Le pont a retrouvé sa belle couleur vert céladon, et bénéficié d’une mise en lumière afin d’attirer l’œil sur sa structure dès que vient la nuit.